Alors que la saison hivernale commence à peine, la Chine souffre d’une crise de l’électricité sans précédent causée par la pénurie de charbon et le durcissement de la réglementation relative aux émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs branches industrielles sont affectées à travers le pays, ralentissant sa croissance économique.
Une crise due au problème de charbon et à la réglementation anti-pollution
La pénurie d’électricité en Chine est due en premier lieu aux problèmes d’approvisionnement en charbon.
- D’une part, des conditions météorologiques défavorables affectent les importations en provenance d’Indonésie.
- D’autre part, des normes de sécurité plus sévères en Chine freinent la production. Ce choc de l’offre tire les prix du charbon vers le haut, entraînant des tensions sur ce marché.
En outre, les autorités ont durci les règles anti-pollution. Étant le plus gros consommateur d’énergie et émetteur de CO2 au monde, le pays vise à supprimer totalement ses émissions nettes à l’horizon 2060 en commençant à les faire baisser drastiquement dès 2030. Or, au cours de la première moitié de 2021, seulement un tiers des 30 régions de Chine continentale ont atteint leurs objectifs en la matière.
Pour accélérer les avancées dans la lutte contre le dérèglement climatique, l’État a pris l’engagement de ramener son intensité énergétique à 3 % cette année. Pour rappel, cet indicateur exprime la quantité d’énergie à utiliser pour la production d’une certaine quantité de produit intérieur brut.
Des prévisions de croissance en baisse pour les deux derniers trimestres de 2021
La fourniture insuffisante d’électricité impacte sévèrement plusieurs branches industrielles, particulièrement dans l’est et le sud dans un contexte de rebond post-pandémique. Selon Morgan Stanley, les capacités de production de ciment et d’aluminium ont chuté de 29 % et de 7 % respectivement, et la filière sidérurgie a également souffert. Les répercussions sont également lourdes pour les secteurs de l’ameublement, de la transformation de soja et de chimie. D’autres secteurs seraient menacés, comme le papier et le verre.
Pour les analystes de Nomura, l’ensemble des marchés risque de subir les effets négatifs de ce problème d’offre d’électricité qui touche le premier fournisseur du monde, et la deuxième plus grosse économie. En raison de cette baisse de la production industrielle en Chine, les pays clients pourraient se retrouver en rupture de stock entre autres pour les pièces détachées industrielles, le textile, les jouets, et les produits électroniques. La fermeture temporaire de certaines usines locales qui travaillent pour Apple et Tesla pourrait aggraver la situation.
Nomura a ainsi révisé ses prévisions pour la croissance chinoise à 3,0 % en rythme annuel au lieu de 4,7 % pour le troisième trimestre et à 4,4 % contre 5,1 % initialement pour le dernier trimestre. S’agissant du produit intérieur brut (PIB) national pour l’exercice 2021, Nomura estime que sa progression sera limitée à 7,7 % si au départ, ils misaient sur 8,2 %, sachant que Pékin vise une croissance supérieure à 6 %.
Les entreprises ne sont pas les seules concernées. Les commerces et quartiers résidentiels de certaines régions du nord-est subissent des coupures de courant. Les provinces mettent diverses mesures en œuvre. Par exemple, certaines municipalités « interdisent » l’usage d’appareils électroménagers énergivores pendant les périodes de forte consommation journalière et des centres commerciaux ferment plus tôt afin d’économiser l’électricité.
Pour limiter ces désagréments, l’administration nationale de l’énergie a enjoint les compagnies de charbon et de gaz naturel à accroître leur production. Sa principale préoccupation : d’éventuelles coupures de chauffage face au grand froid qui arrive.