Avec la pandémie de Covid-19, l’Asie a retrouvé sa place de premier exportateur mondial. En parallèle, grâce à une forte augmentation des demandes intérieures ces dernières années, la région a réduit sa dépendance à l’égard de l’Occident. En 2021, en dépit du rebond des échanges mondiaux, elle poursuit sa politique d’intégration régionale.
Résistance à la crise sanitaire et retour en tête des échanges mondiaux
Alors que la crise sanitaire a fait chuter le commerce international (somme des importations et exportations) à 52 % du PIB mondial en 2020, contre 58 % en 2019, l’Asie s’est distinguée par sa résistance. Ses volumes d’échanges se sont maintenus l’an dernier, quand pour le reste du monde, ils ont baissé de 5,3 %, et même de 8 % pour l’Europe.
En 2021, à la faveur d’une relance très rapide par rapport aux chocs économiques précédents, elle se retrouve en 2021 en tête des échanges mondiaux. Au premier trimestre, ses volumes globaux augmentent de 21 % et celui des exportations dépasse même de 15 % celui de la même période en 2019, une situation qui contraste avec toutes les autres régions du globe.
Poursuite de l’intégration régionale à un rythme inégal entre les pays
Dans le même temps, sur la dernière décennie, l’Asie, à l’exception du Vietnam, a considérablement développé la demande intérieure afin de limiter l’impact du ralentissement de l’import de produits asiatiques. Le phénomène s’est encore accéléré sous l’effet de la pandémie et de ses conséquences économiques et dissensions commerciales entre la Chine et les États-Unis. Ce recul se reflète tout particulièrement dans le domaine des services : en 2020, leur proportion sur le PIB n’est que de 4,2 % pour la Chine, 3,7 % pour l’Indonésie et l’Inde.
Si les incertitudes demeurent concernant la durabilité de la reprise de la croissance mondiale, l’intégration régionale asiatique ne devrait pas s’arrêter, mais avec des disparités marquées. En Asie du Sud-Est et en Océanie, la part des échanges régionaux sur le total est supérieure à 70 % du fait d’une nette progression en 20 ans. Celle-ci se situe à 56 % pour l’Asie du Nord-Est. Dans les pays développés (Japon, Corée du Sud, Taiwan) et certains États de la partie sud-est (Malaisie, Philippines, Thaïlande), la dépendance aux échanges intra-asiatiques a connu une forte croissance depuis 2020.
Quid de la position de la Chine, première puissance commerciale du monde, face à ces bouleversements ? Entre 2008 et 2020, la part de ses échanges avec ses voisins est passée de 23 % à 29 %. Ce mouvement est dû aux importations importantes en provenance d’Australie (44 % des exports nationaux), de Taïwan (40 %) et de la Corée du Sud (26 %) en vue d’un assemblage final dans le pays. Seule l’Inde limite ses exportations vers l’Empire du Milieu à 8 % de ses volumes globaux.
Des chaines de valeur régionales importantes et des efforts continus pour le libre-échange
La Banque asiatique de développement a par ailleurs analysé l’intensité des chaines de valeur au sein de la région. Rappelons qu’il s’agit du pourcentage des exportations d’un pays reposant sur l’achat d’intrants ou de composants auprès d’un ou plusieurs autres pays. À environ 70 %, cet indicateur est proche de celui de l’Amérique du Nord et largement plus élevé que celui de l’Europe, en net déclin depuis deux décennies. Il est le plus élevé dans les secteurs suivants :
- l’énergie, les matières premières,
- les produits agricoles,
- les biens de consommation courante,
- les hautes technologies, surtout la Chine dont plus de 80 % des produits électriques et électroniques sont importés de pays asiatiques, mais qui n’exporte que 57 % de ces mêmes produits dans la région.
L’Asie se distingue enfin en étant l’unique région encore très active en matière de libre-échange avec la signature de nouveaux accords multilatéraux. L’Inde fait exception, sa politique de relocalisation industrielle étant difficilement compatible avec des partenariats impliquant les pays développés voisins, dont la Chine.
En conclusion
À moins d’un choc politique majeur, rien ne devrait perturber l’évolution structurelle et menacer la position stratégique de l’Asie dans un monde très fluctuant. Par ailleurs, commerce international et Chine resteront indissociables pour encore de nombreuses années, le pays étant le plus gros fournisseur mondial et un marché de choix pour les exportateurs.