Le confinement drastique mis en place en Chine à partir de fin mars dans un contexte de rebond épidémique à l’échelle nationale a sévèrement impacté l’économie chinoise. Avec l’assouplissement des restrictions, notamment à Shanghai, le commerce extérieur a repris des couleurs en mai. Il reste que le Covid continue de menacer Pékin, qui risque de ne pas atteindre son objectif de croissance annuelle.
Rebond du commerce extérieur chinois supérieur aux prévisions
Pendant deux mois, Shanghai et sa région ont été soumises à des restrictions drastiques en raison de la politique du « Zéro Covid ». En mai, les principales infrastructures ont repris leur activité, en particulier, le port, qui fonctionne désormais à 95 % de ses capacités normales au lieu de 50 % le mois précédent.
Cet assouplissement a eu un impact positif immédiat sur les échanges commerciaux extérieurs. Les dernières statistiques publiées par la Douane pour le mois de mai montrent une hausse de +16,9 % des exportations sur un an, nettement au-dessus des 8 % anticipés par les analystes. Il s’agit d’ailleurs de l’augmentation la plus marquée des ventes de la Chine à l’étranger depuis le début de l’année. Les importations ont également progressé de 4,1 % sur un an, contre des prévisions à +2,3 %. L’électronique a constitué le moteur de la croissance observée dans les deux sens, même si la demande pour des équipements destinés au télétravail a nettement diminué, selon les experts.
Grâce à ce dynamisme retrouvé, l’excédent commercial de la deuxième puissance mondiale a grimpé à 78,76 milliards de dollars en mai (l’équivalent de 73,42 milliards d’euros). Là encore, les économistes s’étaient montrés moins optimistes, tablant sur 58 milliards de dollars, après 51,1 milliards de dollars en avril 2022.
Multiplication des mesures de soutien face à la menace du Covid
Si cette reprise représente indéniablement une bonne nouvelle après deux mois moroses, certains observateurs redoutent un simple effet de rattrapage potentiellement suivi d’un nouveau tassement, voire d’un repli. Par ailleurs, les mesures sanitaires menacent toujours l’économie chinoise. Un district de 2,7 millions d’habitants au sein de la capitale économique du pays est soumis à un nouveau confinement en vue d’un dépistage global des résidents après l’apparition de cas.
Or, en plus d’affecter le commerce d’autres pays avec la Chine, de telles mesures pèsent sur la consommation des ménages et sur l’investissement privé. La Banque mondiale a annoncé le 8 juin avoir révisé ses estimations de croissance du géant asiatique à 4,3 % en 2022, après 8,1 % en 2021. Ce chiffre est à la fois inférieur aux attentes du gouvernement chinois (+5,5 % pour l’année) et de l’institution (+5,1 % pour le PIB). S’y ajoutent les effets de la guerre en Ukraine et de choix de nombreuses entreprises de délocaliser leur production dans d’autres pays d’Asie comme le Vietnam.
Face au risque, les autorités locales multiplient les mesures de soutien financier aux entreprises exportatrices, notamment via le renforcement de l’assurance-crédit à l’export. D’après le ministère chinois du Commerce extérieur, l’assureur public Sinosure a soutenu quelque 150 000 exportateurs entre le 1er janvier et le 31 mai 2022, un chiffre en hausse de 7,5 % par rapport aux 5 premiers mois de 2021. De nouveaux efforts seront déployés dans les mois à venir pour les PME.